La vision fondatrice de La Marelle

Il est 15 heures. C’est une magnifique journée d’automne, une de celles où le ciel bleu révèle toute la lumière des feuilles d’automne et où les manteaux restent accrochés aux patères.

J’ouvre le portillon de l’école et m’avance. Face à moi, dans la salle des arts dont la porte est ouverte, deux enfants de 8 et 9 ans sont en train de peindre un castelet en carton pour mettre en scène deux marionnettes à fils, en éléments naturels, qu’ils ont réalisées quelques jours auparavant. Ils sont calmes et concentrés sur leur projet. Ils ont suivi les indications d’un livre pour la fabrication et laissent maintenant libre court à leur imagination.

Deux autres passent pour chercher dans le tiroir des rubans le petit bout de tissu dont ils ont besoin pour consolider leur cabane, là-haut, sur le talus. Quelques mots s’échangent sur les projets respectifs, et hop ils repartent à leur construction pendant que les deux premiers se replongent dans leur peinture.

Un peu plus loin, sous le tilleul, une dame septuagénaire, qui vit dans le village et dont le petit-fils est à l’école, accompagne trois enfants de 6, 8 et 10 ans, assis autour d’une table, dans le tricotage avec les doigts de tours de cou colorés pour l’hiver. L’ambiance est sereine et détendue. Ça rigole !

Près de l’escalier du jardin, quatre enfants d’âges variés sont assis sur des bancs. Les trois plus jeunes écoutent avec attention le plus grand leur expliquer, schémas à l’appui, l’anatomie de la limace, son alimentation, son mode de vie. Un des petits propose alors d’en capturer pour les observer. S’en suit une discussion, menée par le grand, sur la captivité des animaux ainsi qu’une prise de décision collective quant à l’intérêt de les observer directement dans la nature. Les quatre enfants partent alors à la recherche de différentes limaces dans le jardin.

Un jeune adulte [volontaire en Service Civique] est assis sur une chaise près du petit muret. Il lit un livre sur l’éducation bienveillante et prend des notes. Discrètement, il veille aussi, de même que la mamie qui tricote, à ce que tout se passe bien dans le jardin. En réunion d’équipe, il partagera ses observations à ses collègues : les relations entre les enfants, les jeux qu’ils partagent, les passions des uns et des autres, les difficultés rencontrées aussi. L’enseignante informée de l’intérêt des 4 enfants pour les limaces ne manquera pas l’occasion de s’en saisir pour les apprentissages en classe, un exposé, un projet ou un atelier philo !

J’entre ensuite dans l’école, sans faire de bruit car je sais que certains enfants dorment ou se reposent à cette heure-ci. J’enlève mes chaussures. Un enfant passe devant moi, me sourit et me salue, avant de se servir un verre d’eau, de le nettoyer, de le déposer délicatement sur l’égouttoir et de retourner dans la salle de classe.

Assis sur un des fauteuils de la bibliothèque, un enfant lit un roman. Il est plongé dans sa lecture, le sourire aux lèvres, et semble ne même pas me voir. Je monte sur la mezzanine.

Deux petits de 3 ans dorment.

Je redescends. Je pénètre dans la classe. Six enfants vaquent à leurs occupations.

L’enseignante accompagne deux d’entre eux, de 8 et 9 ans, dans la découverte d’un atelier Montessori de mathématiques : la division avec 2 chiffres au diviseur grâce à la banque de perles. Ils occupent une bonne partie de l’espace de la classe, avec des grandes feuilles bleues et vertes installées au sol. Ils ont l’air de prendre un réel plaisir à faire des partages un peu complexes.

Dans un coin de la classe, une enfant de 7 ans présente, à une autre, beaucoup plus jeune, les lettres rugueuses. Elle répète, patiemment, le nom des lettres avec la leçon en trois temps, comme le lui a montré l’enseignante. La petite semble avide de mémoriser ce que la grande lui montre.

Installé à son bureau, un garçon d’une dizaine d’années, écrit et illustre une histoire dans un tout petit livre qu’il a fabriqué, en papier. Je m’approche de lui, et il me raconte, avec un plaisir évident, le récit qu’il est en train d’inventer… les aventures rocambolesques d’un petit cochon malicieux.

Le sixième, à l’allure de futur collégien, est installé devant l’ordinateur : il cherche des informations sur les grues cendrées, pour l’exposé qu’il a décidé de faire quand, la semaine dernière, il a vu les oiseaux passer en grandes formations dans le ciel.

Tiens ! l’un des deux artistes de la salle des arts entre dans la classe. Il se dirige vers son bureau et en sort une feuille sur laquelle il écrit ce qu’il vient de faire. Je m’approche et il m’explique que c’est sa feuille de route pour la semaine. Après l’avoir longuement regardée, il se décide pour des exercices de géométrie. Il semble motivé et passionné !

Je sors de la classe, me rechausse et quitte à pas feutrés l’école, heureuse de ce que je viens de voir et de la joie discrète qui émane de la plupart des enfants.

Avant

Après

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