La neuroatypie, kesako ?
Avant d’aller plus loin dans cet article il me semble essentiel de définir, ou en tout cas d’éclaircir, le terme neuroatypiques (ou neurodivers). C’est avant tout l’antonyme de neurotypique, un néologisme démocratisé il y a un peu plus de cinq ans par la communauté autistique permettant ainsi de remplacer le mot normal. Le terme permet d’une part d’éviter la connotation de valeur et d’autre part de souligner les différences positives des personnes autistes.
Lentement, la neuroatypie est apparue naturellement comme son contraire et au-delà de l’autisme, elle rassemble tous les profils représentatifs de la diversité neurologique dans son ensemble : les hauts potentiels, les troubles du déficit de l’attention, les hyperactifs, les dyslexiques, les dyspraxiques, etc. Comme vous pouvez le constater, le spectre est large et ne se limite donc pas à l’autisme !
À sa plus grande fierté, La Marelle est représentative de cette neurodiversité. Elle s’inscrit dans le mouvement social qui estime que la diversité neurologique humaine a de la valeur et peut permettre de construire une société meilleure au travers des enfants d’aujourd’hui qui seront les adultes de demain.
Et là où généralement l’intelligence neuro-linguistique et logico-mathématique est mise en avant, La Marelle s’attelle tout autant à rendre ses lettres de noblesse aux six autres formes d’intelligence, concept avancé par Howard Gardner. Dans ces intelligences multiples on retrouve notamment l’intelligence spatiale, l’intelligence interpersonnelle ou encore l’intelligence corporelle-kinésthésique. Ouvrir le champ de ces intelligences permet à des élèves neuro-atypiques de rayonner sur d’autres domaines qui ne sont habituellement pas mis en avant. Il y a par exemple l’intelligence intra-personnelle qui traduit la capacité à décrypter ses émotions et à rester ouvert à ses besoins. Elle permet par exemple d’anticiper sur ses comportements en fonction de la bonne connaissance de soi. Cette intelligence est développée au même titre que les autres à l’école.
Et alors concrètement… comment se passe l’accueil des enfants neuroatypiques à l’école ?
Chaque enfant étant différent, l’équipe pédagogique développe ou met en pratique des stratégies d’apprentissages pour chacun·e. Les objectifs sont avant tout de permettre à l’enfant de gagner en autonomie, de développer des compétences scolaires, des centres d’intérêts et de renforcer son estime de soi.
Le modèle adopté par l’équipe pédagogique de La Marelle repose sur l’évaluation des compétences en lien avec un plan de travail hebdomadaire adapté à chaque enfant dans son individualité. Cette méthode permet de suivre la progression de chaque enfant, ses appétences qui peuvent être nourries ainsi que ses difficultés qui peuvent être ciblées rapidement et consolidées. Ainsi chaque enfant aura dans son programme des exercices différents de ceux de son·sa voisin·e. En plus de s’adapter au profil de chacun·e, cette démarche pousse à la coopération et à l’apprentissage de pair à pair.
D’autre part, le fonctionnement en classe unique multi-âge place l’hétérogénéité au centre de la pédagogie. Elle se révèle d’ailleurs être un atout pour les apprentissages de chacun·e. En effet, aucune comparaison n’est possible d’un enfant à l’autre. L’organisation du travail est personnalisée et apprend à vivre et à accepter la différence au sein d’une même classe devenue lieu de vie adapté à tous·tes. L’intérêt de l’école pour la connaissance de soi permet en plus à chaque enfant de s’approprier ses besoins, de comprendre et d’exprimer ce qu’il a apprécié ou ce qui lui a manqué. Tout ceci constitue des retours et des pistes de réflexions essentielles à l’évolution de la pédagogie et des interventions proposées.
L’accueil des enfants neuroatypiques est aussi un cadeau précieux pour l’adulte. Pour ma part, il me permet de questionner mes pratiques, leur pertinence et leur bien-fondé. Je développe ma capacité à regarder, à accueillir et à accompagner : quand un·e enfant ne réussit pas une activité ou un exercice, c’est l’opportunité rêvée pour trouver une autre façon de faire, plus adaptée. Think out of the box ! C’est aussi le moment de le·la soutenir émotionnellement face au blocage auquel iel fait face, de l’aider à comprendre le sentiment et les sensations qui le·la traverse et qui ne sont pas forcément agréables. En travaillant avec un enfant neuroatypique j’en apprends donc tous les jours sur ma posture.
Attention, je ne dis pas que travailler tous les jours avec des enfants neuroatypiques est facile. C’est un quotidien qui demande un réel engagement et beaucoup d’énergie pour soutenir l’apprentissage et se rendre disponible pour l’accompagner au mieux. En revanche, chaque résultat, chaque avancée est gratifiante pour soi et procure un profond sentiment de réussite à l’enfant.
Pour approfondir :
https://www.ted.com/talks/jay_pierce_understanding_neurodiversity
http://www.zatypie.fr/les-neuroatypiques/
https://cle-autistes.fr/politique/ressources-politiques/vocabulaire/
https://www.bloghoptoys.fr/accompagner-la-scolarite-des-eleves-avec-autisme
https://neuroatypies.wordpress.com/2018/05/04/premier-article-de-blog/
https://blog.cognifit.com/fr/la-neuroeducation/
Article rédigé par Manon en service civique à Marelle & Compagnie